Accidents de trains : les étranges silences de Monsieur Pépy...

Publié le par L'Oise au Rouge 60

Certes, on l'entendit le brave homme devant un micro tendu s'étonner de la présence en cabine de conduite d'un TGV d'essai de personnes extérieures aux deux entreprises concernées SNCF et Alsthom *, et cette interrogation était légitime.

Les premières informations qui circulent laissent entrevoir un cas typique de "facteur humain" non directement  lié aux nombres de personnes en cabine de conduite (les normes sont de 4 soit 2 SNCF mécanicien et cadre traction plus deux agents de la société concevant la rame) ce jour là il y en avait 7 semble-t-il ... Non le facteur humain (et non l'erreur humaine ce terme n'est jamais utilisé en prévention des risques professionnels)  dont il est question est celui de la date à laquelle on eu lieu les essais : le lendemain des attaques de DAESH à Paris ! Soit le 14 novembre 2015 !

Trop tôt pour éviter que les agents en cabine aient certainement beaucoup plus pensé à ce qui s'était passé la veille qu'aux essais dont ils assuraient les derniers tour de roue. Or il faut savoir que ces essais ont lieu sans le système de contrôle de vitesse qui est présent sur les rames TGV et qui sert de boucle de rattrapage en cas de dépassement de la vitesse autorisée combinaison type de rame et profil de ligne... ce qui est normal puisque essais il y a ! 

Mais voilà 10 secondes d'inattention à plus de 300 km/h cela ne pardonne pas !

Cela écrit, restent d'autres incidents plus ou moins grave dont on a peu parlé :

 - "dérive d'un train de voyageurs entre Amiens et Rouen : en clair le train ayant percuté un troupeau de vaches s'est arrêté en freinage d'urgence, ce qui ne l'a pas empêché d'occire quelques bovins qui ont en effet un peu secoué la rame TER avec voyageurs présents ! Mais ce qui n'était  prévu au film, c'est que le système de blocage au frein de la rame ait lâché prise : résultat "  Un train express régional (TER) s'est retrouvé "en roue libre" pendant 19 km en Seine-Maritime, ses freins ayant lâchés après avoir heurté à pleine vitesse deux vaches se trouvant sur la voie, un incident révélé jeudi par le syndicat Sud Rail et confirmé par la SNCF..."

On notera avec intérêt que sur ce genre de problème c'est aux syndicats de communiquer ... au public

Ce genre d'incident l'auteur de ses lignes, avec 32 ans de SNCF,  le pensait réservé à de petits incidents sur les lignes secondaires de fret ou des chantiers de triage ! Il faut savoir en effet que pour arrêter un wagon (marchandises) ou une machine en dérive il était indiqué soit d'attendre que le mouvement s'arrête de lui même soit de le faire dérailler ! Ici par chance à un moment donné la rame très ralentie par une remontée le mécanicien** a réussi à bloquer celle-ci avec sa cale anti-dérive en sautant du train sur le côté de la voie ...

- autre exemple entre Toulouse et La Tour de Carol (gare chère à Higelin, Fontaine et Areski) une autre rame repart ... en arrière à reculons faute de capacité du frein à la bloquer dans une rampe ... là aussi on a eu chaud !

Finalement elle s'est arrêtée sans percuter une circulation venant derrière elle ! Il n'y en avait pas vu que la ligne n'est pas trop fréquentée ! 

- et enfin un must que nous allons tenter d'expliquer à la lectrice, au lecteur lambda ne maîtrisant pas forcément la technique ferroviaire. Le système de bloc automatique en vigueur sur presque toutes les voies SNCF (et d'autres pays) repose sur ce que l'on appelle le "circuit de voie " tournons nous vers Wikipédia :

 

"  Un circuit de voie est un système de détection des circulations qui utilise un circuit électrique, empruntant les rails d'une voie ferrée, pour détecter la présence d'un train dans la section de voie considérée appelée zone. Ce dispositif de détection de circulation peut être utilisé conjointement ou seul pour commander automatiquement les signaux. Ces signaux peuvent être des signaux d'arrêt comme ceux qui servent à la protection d'appareils de voie (aiguillages), ils peuvent être aussi des signaux d'espacement. Dans les systèmes dit de block automatique (BAL) ce dispositif sert à réguler l'espacement des trains, cela s'appelle le cantonnement.

Un circuit de voie est formé par l'application d'une tension électrique à chaque file de rail d'une section donnée (les rails étant isolés de ceux des sections adjacentes) et inclut un relais à bobine. En l'absence de véhicule ferroviaire, le relais est sous tension et les contacts sont collés. En présence d'un véhicule, il se produit une espèce de court-circuit que l'on appelle shuntage ; une partie du courant est dérivé par les roues et l'essieu, métalliques donc conducteurs, ce qui provoque l'ouverture des contacts du relais. Ce relais commande à son tour un circuit alimentant le signal à l'entrée de la section (ou canton)."

 

C'est donc à la fois un système relativement simple mais coûteux, dans certains cas pour un coût moindre on met ce dispositif sur une partie seulement du canton et cela ne met pas en cause la sécurité des circulations...

Mais on comprend aisément alors la gravité de ce qui se serait passé à Ste Pazanne début Octobre "  À savoir une rupture de la liaison électrique entre le train et les rails... " *** 

La rame TER couplée (c'est à dire avec 2 éléments  accrochées ensemble) a en fait "shunté" correctement la voie au niveau du premier élément mais pas du deuxième ! Et celui-ci a disparu du circuit de voie et donc des éléments de contrôle à distance n'autorisant pas un aiguillage à tourner pour un autre itinéraire alors même que quelque chose est en train de passer sur cet aiguillage !!! Autant dire c'est du sérieux ! 

Il semblerait qu'un certain types de rames TER Rame AGC Autorail Grande Capacité seraient concernés : 1 seule ça va ; à 2 ça shunte plus ! 

Voilà qui vient conforter ce que les organisations  syndicales dénoncent depuis longtemps : des principes de sécurité abandonnés  au nom du "risque calculé" ! Et malgré cela on continue ! Malgré Bretigny S/Orge et ses morts !

Et l'on attend toujours un zeste d'autocritique de nos dirigeants SNCF ! Et du premier surtout ! 

Que nenni ! Non, aux dernières nouvelles Pepy s'est beaucoup épanché sur le sort de la Gare du Nord ; c'est que voyez-vous selon les dires d'un citoyen de sa gracieuse (et décatie) Majesté Britannique (ta mère) il y a un problème de conflit sociologique dans cette gare ! Les voyageurs qui empruntent l'Eurostar à St Pancras International dans un univers " aseptisé et moderne " se trouvent obligés d'arriver à Paris dans un univers terriblement mélangé avec des voyageurs de toutes nature et surtout pas de la même classe qu'eux ! Des salariés, employés ! Voire même des basanés ! 

Manquerait plus que les Ex Goodyear viennent s'y inviter le temps d'une action !

Et la sécurité des circulations Guillaume on y songe ou on attend la prochaine catastrophe ? 

 

* " Ce report fait suite à l'accident d'un TGV d'essai le 14 novembre dernier. En raison d'une vitesse excessive, le train avait déraillé au niveau de la ville d'Eckwersheim (Bas-Rhin). 

"Un accident tragique qui avait coûté la vie à 11 personnes et fait 42 blessés" Source Usine Nouvelle 

** aussi appelé "gréviste corporatiste égoïste archaïque" assez souvent par entre autres les éditocrates et journalistes aux ordres ! 

*** selon un syndicat (ici la CGT) bien connu pour soutenir les " grévistes corporatistes égoïstes archaïques" etc..

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